Chrysler France Club

ESSAI D'EPOQUE

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Copie d'un article cédé par mon père sous la forme de trois feuilles volantes,
et extrait d'un magazine pour caravanier. (Année supposée 72, auteur Daniel BESSMANN)

CHRYSLER 180

Arrivée dans les dernières vagues de la production automobile, elle se classe aux premiers rangs parmi les puissantes. Du souffle, une forte capacité de traction et surtout une agréable souplesse d'utilisation : elle a beaucoup pour plaire aux caravaniers.

L'Autoroute du Sud déroule son tapis, que la voiture avale voracement, L'aiguille du compteur finit par atteindre 180, l'étalonnage à 200 restant hors de portée, La Chrysler 180 écarte les couches denses de l'atmosphère, mais ne décolle pas.
La forme galbée de sa carrosserie lui fraye le chemin, celui qui nous conduira, au sortir de l'embranchement de Joigny, vers les confins de l'Yonne et de la Nièvre, dans ce Puisaye qui, à moins de 40 lieues de la capitale, offre des sites touristiques attrayants.
Bien calé contre le dossier du siège, ceinture de sécurité accrochée, levier de vitesse au plancher confortablement en main, on "drive" les 97 chevaux (DI N) à 5600 tours-minute. C'est la puissance maxi, qu'il convient de respecter.

SOUPLESSE D'UTILISATION
Le compte-tours aide énormément pour cette déférence due au régime (moteur). Bien lisible, il est le baromètre qui annonce toujours le beau temps (lorsqu'on respecte les données du constructeur). En traction, le repère 3000 marque la capacité maximale, la puissance aux roues, établissant le couple à14,7 mkg.
Quelles sont alors les possibilités de la 180 ?
En solo, la 1ère tient à 20 km h (2500 t m), atteint le 60 à 6 000 t m (où commence la zone rouge interdite qui conduit à 8 000 t m et à la mise hors d'usage...)
La 2ème grimpe à 90, pour un régime maxi de 6 000 t m également, Rappelons que le régime du moteur, celui qui constitue le plafond raisonnable, est de 5600 t m (donnant pour les 1ère et 2ème respectivement 50 et 80 km h).
La 3ème, toujours pour 5600 t m, situe la vitesse de pointe à 130 km h ; et 140 en allant aux limites de la zone rouge.
La 4ème, qui " démarre" à 140 (on sent la mécanique pousser un "ouf" de soulagement), avec, au compte-tours, 4 500, permet l'envolée pour les 180 sans grand mal.
Toutes ces indications chiffrées n'ont pour but que de démontrer la souplesse d'utilisation de cette tractrice. Souplesse qui lui donne, en 4ème, une réserve de reprise qu'on est agréablement surpris de trouver à l'accélération.

FORTE TRACTRICE
Avec caravane attelée, la Chrysler monte (pour les 3200 t m du couple maxi) à 30, 50, 70 et 100 pour les quatre rapports. Sur un itinéraire comportant des dénivellations moyennes de 4 à 6 %, après avoir maintenu l'allure, en 4 , à 100 km h (pour 3 500 t m), nous avons eu recours à la bonne vieille 3, qui a relancé, aux environs de 5 000 t m une vitesse de 110. La charge tractée était de 1 100 kg (double essieu San Rémo).
La consommation d'essence a varié en moyenne de 11 l aux 100 km (solo) à 14,5-15 l en traction.
Un bon appétit, que justifient tout de même la carrure et les efforts de cette 10 CV.
D'une façon générale, on peut estimer les performances de la 180 comme étant satisfaisantes, Le moteur est solide, silencieux; la tenue de route, surtout en traction, a été appréciée. De même que le freinage.
Côté suspension, le " soliste" critiquera le pont arrière rigide (banjo soudé) plutôt ferme ; le caravanier s'en félicitera : la résistance à l'écrasement en attelage fait partie de ses préoccupations.
Freinage efficace, à disque, dispositif d'assistance à dépression.
Le côté dynamique de la 180 étant défini, qu'en est-il de son aspect statique ?

Au fur et à mesure que l'on prend de la distance,
une silhouette,
non dénuée de charme,
s'esquisse,
devient aimable réalité.
Mais c'est sur route,
et plus spécialement en traction,
que la Chrysler 180 va donner la preuve
de son incontestable efficacité.

Un levier de changement de vitesses
au plancher à bonne portée de main,
un volant trois branche agréable,
un tableau de bord
équipé pour un contrôle permanent :
trois unités assurant la cohésion
du "poste de pilotage".

AU GOUT EUROPEEN
Le nom de Chrysler fait briller, au firmament de la mémoire, des mots chocs: " richesse ", " luxe ", qui accompagnent généralement tout ce qui est américain. Franchissant l'Atlantique pour venir se poser à Poissy, la marque s'est quelque peu délestée de sa rutilance pour se mettre au goût européen,
Et cela donne une confortable conduite intérieure, de maintien cossu sans être tapageur,
Le tableau de bord est convenablement équipé : quatre cadrans en constituent le cerveau. Compte-tours à gauche, puis compteur de vitesse, avec totalisateurs général et partiel, groupement de différents témoins (jauge, batterie, pression huile, thermomètre eau), enfin, à droite, la montre. Entre passager et conducteur, dans l'axe de la console : poste radio, systèmes répartiteur d'air et de chauffage (efficients), cendrier et allume-cigare incorporé, étagés de haut en bas. Un honorable coffre à gants, fermant à clé, se trouve face au passager.
Le volant de direction est à trois branches. Sur la colonne, à gauche : commande des clignotants, commande générale d'éclairage, incluant avertisseurs sonore et optique. A droite, commande d'essuie-glace et lave-glace. A deux vitesses. les balais dégagent une bonne portion du pare-brise, mais nous ont paru d'une allure relativement modérée.
Sur la console au plancher, le levier des vitesses, protégé dans sa partie inférieure par une sorte de capuche, permet de sélectionner les cinq rapports voulus sans aucune difficulté, sans craquement. C'est très agréable.
Sièges avant réglables longitudinalement, dossiers inclinables. Appuie-tête incorporé dans chacun d'eux, extensible. Vide-poches et accoudoirs, dans le garnissage des portières,
Le siège arrière comporte un accoudoir escamotable. La place est assez restreinte, surtout lorsqu'on a affaire à des " longues jambes" devant.
Mais la suspension individuelle est bien assurée ; une dragonne extensible permet le maintien d'une main ferme.
Pour les finitions, plusieurs améliorations de détail ont été apportées, depuis la sortie des premiers modèles. On remarque ainsi le tissu vinyle de teinte claire pour le garnissage des pavillons, et l'addition d'une nouvelle teinte du garnissage des sièges : la couleur sable.
Les panneaux intérieurs de portes sont d'un dessin nouveau, ainsi que les accoudoirs ; les platines de poignée de porte et les manivelles lève-glace sont chromées. Les panneaux comportent un encadrement en imitation bois à la partie centrale et une partie inférieure en moquette.

La finition " aspect bois" se retrouve sur les surfaces de la planche de bord, le fond de combiné, les plaquettes de partie inférieure gauche et centrale ainsi que sur le fond de console. Cette même finition bois se retrouve sur les trois branches du volant de direction.

SILHOUETTE MODERNE
Côté visibilité, quelques réserves. Les montants du pare-brise créent un
angle mort conséquent, et l'ensemble des surfaces vitrées est assez réduit, notamment pour ce qui concerne les glaces latérales.
A l'arrière, le coffre à bagages a une contenance de 438 dm . On trouve la roue de secours et le cric, dans le profil de l'aile gauche,
La silhouette est très moderne, dégage une impression (vérifiée) de puissance, L'arrière rompt avec cette ligne, devient presque carré, Mais l'ensemble reste esthétique.
De par ses performances, la Chrys1er 180 se situe, pour le caravanier, dans le cadre des fortes tractrices. Les itinérantes pour longues courses (4 à 6 m, P.T.A.C. évoluant autour de 1 100 kg) trouveront un pilote sérieux, robuste, sur
lequel on doit pouvoir compter.


Daniel BESSMANN


Dans les allées forestières, aussi bien que sur les routes,
la 180 sait se (faire) conduire avec une remarquable aisance.

 

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