Chrysler France Club

ESSAI D'EPOQUE

Habitabilité-Equipement
Moteur-Performances-Consommation
Transmission
Direction-Tenue de route- Freinage
Confort
Conclusion
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Par J. BARATAUD et B. LOUVIGNE, tiré du Manuel Pratique de Technique Automobile, "L'Expert Automobile" N° 67.

Après douze ans de collaboration, les fiançailles de SIMCA et de CHRYSLER sont devenues mariage. La nouvelle firme, troisième constructeur mondial, a lancé son nom prestigieux de CHRYSLER - France au moment même où ses trois premières voitures étaient présentées au Salon de Paris, en automne dernier.

S'adressant plus particulièrement au marché français, la gamme des Chrysler - France s'inscrit dans la lignée des " grosses européennes ". En fait, les 160, 160 GT et 180 font partie de la catégorie des 8 à 11 CV qui veulent concilier les divers besoins de la conduite moderne et les goûts d'un public dans le " vent ", telles la Ford Taunus, la Mazda 616, l'Opel Ascona pour citer les trois autres modèles également nouveaux venant rejoindre notamment les Renault 16 TL, Peugeot 504, Citroën D spécial, Wolkswagen 411 L E, Fiat 125.

Nouvelle grande Simca selon les uns, ancienne grosse Chrysler selon les autres, la Chrysler - France 160, 160 GT et 180 a pour elle, sans conteste possible, une originalité qui est aussi une réussite remarquable : son moteur. Celui-ci vaut des performances de tout premier ordre, la plaçant facilement sur ce point en tête de ses concurrentes.

Mais avant d'en venir à ces performances et aux caractéristiques des trois voitures, il convient de les différencier entre elles. En haut de la gamme, la 180 (10CV, cylindrée 1812 cm3, alésage 87,7) ; en version économique : la 160 (9CV, cylindrée 1639 cm3, alésage 83,4) ; se situant entre les deux, la 160 GT (10CV, cylindrée 1812 cm3, alésage 87,7).

A la cylindrée près et mis à part le système de freinage, les trois voitures sont pourvues d'une mécanique semblable. Leur carrosserie est la même sauf un choix plus étendu de coloris pour la 180. Par ailleurs en ce qui concerne la finition, la 160 et la 160 GT ne présentent pas de différence : la 180 bénéficiant par contre d'un équipement plus soigné.

HABITABILITE - EQUIPEMENT

Dans les trois versions, la carrosserie de style américain, trop prononcé au dire de certains usagers français, est caractérisée par un long capot et une élégante ligne incurvée du toit qui rejoint le coffre arrière.

Cette berline à quatre portes offre une grande habitabilité en longueur, largeur, hauteur. L'accès aux places avants est facile, beaucoup moins celui de la banquette arrière pourtant spacieuse, mais la forme des portières sacrifiant à la ligne aérodynamique de la voiture oblige à beaucoup se courber pour entrer.

Les utilisateurs souhaiteraient généralement une visibilité plus grande allant de pair avec les caractéristiques de ce modèle de classe. Ainsi aurait-on souhaité peut-être des glaces latérales plus hautes, une lunette arrière plus fonctionnelle, un pare brise de plus grande surface ?

Mais les sièges sont très confortables, particulièrement sur la 180, des pare brise en verre feuilleté sur la 160 - qui existent en série sur les 160 GT et 180 - . En option également la radio avec hauts parleurs avant et arrière pour les trois modèles ; pour les 160 et 160 GT : le dégivrage de la lunette arrière et les appuis - tête qui existent en série sur la 180.

Le réglage du siège est remarquablement simple pour le conducteur, grâce à une barre fort bien étudiée.

Une console sépare les sièges avant. Elle comporte un creux faisant office de vide poche et supporte le frein à main et le levier de changement de vitesse dont la base est soigneusement gainée. On remarque enfin la vaste boîte à gant et son couvercle de tôle qu'il faut prendre la précaution de refermer, les poignées intérieures d'ouverture entièrement encastrées et, seulement sur les 180, des vides poches latéraux.

Le tableau de bord ne manque pas d'allure avec ses quatre cadrans circulaires sur la 180 (compte tours ; indicateurs de vitesse et totalisateur ; témoin de charge, thermomètre d'eau, témoin de pression d'huile, témoin minimum d'essence et jauge ; montre). La 160 n'a que trois cadrans. Les essuie-glace et le lave-glace sont actionnés par un levier bien conditionné placé à droite sous le volant. L'allume cigare n'a pas été oublié et est complété par un petit cendrier

En dépit d'un équipement très satisfaisant, on formule généralement le souhait d'un effort plus grand dans ce domaine où l'on cite volontiers la Ford Taunus en exemple. 

MOTEUR - PERFORMANCE - CONSOMMATION

Le moteur Simca des trois versions de la Chrysler - France est une nouveauté, un grand succès et une création raisonnable (quatre cylindres en ligne, culasse en alliage léger, arbre à cames en tête commandé par chaîne).

Outre les caractéristiques déjà données plus haut de ce moteur, notons que pour la 160, il développe 80 CV DIN à 5.600 tours/minute, avec un simple carburateur inversé et une compression de 9,2 et 97 CV DIN pour la 180 avec un carburateur double corps et le même rapport volumétrique, au même régime.

D'une exceptionnelle robustesse interne, d'une véritable conception moderne, ce moteur a le mérite non moins appréciable, d'être facilement accessible. Les bougies, le carburateur, la pompe à essence, l'allumeur, sont atteints sans la moindre effort.

Il va de soi que les performances des 160, 160 GT et 180, découlant de leur excellent moteur, sont elles-mêmes très bonnes. Les vitesses maximales annoncées par Chrysler - France : 170 km/h pour les 180 et 160 GT et 155 km/heure pour la 160, peuvent être atteintes à peu de chose près. Elle consacrent en tout cas la 180 comme la voiture la plus rapide et la plus nerveuse de sa catégorie.

La 160, bien que handicapée par un rapport poids-puissance plus défavorable, se maintient normalement dans le sillage de la 180, jusqu'à 120 km/h.

Les consommations, il n'y a pas lieu de s'en étonner en moyenne 9,5 litres pour la 160 et 9,6 litres pour la 180. Une vaste réservoir de 65 litres dispense d'ailleurs de calculer au litre près. 

TRANSMISSION

La boîte de vitesse à quatre rapports synchronisés (licence Porsche), avec levier au plancher, est la même dans les trois modèles, sauf que le rapport de pont de la 160, 11 X 43, est plus court que celui de la 180, 11 X 41, d'où une vitesse inférieure à régime égal.

De l'avis de tous les utilisateurs, cette boîte de vitesse est bonne. Le guidage est habituellement jugé précis et la synchronisation satisfaisante, mais la commande quelque peu ferme. 

DIRECTION - TENUE DE ROUTE - FREINAGE

Les trois voitures sont munies d'une direction à crémaillère (rayon de braquage : 5,50 mètres), dont la démultiplication et la douceur sont adaptées pour le mieux au type des 160/180. En outre très précise, cette direction donne un avantage à la Chrysler, sur toutes les concurrentes de sa catégorie, y compris le Peugeot 504 et la Citroën D Spécial…

On se doit, malgré tout, de signaler un défaut mineur, à savoir le manque de fermeté de la crémaillère pour les manœuvres à l'arrêt.

En ce qui concerne la tenue de route, le comportement de la Chrysler - France doit être soigneusement observé.

Equipée de pneumatiques de qualité, sur une route en bon état et par temps sec, les 160, 160 GT et 180 tiennent parfaitement, aux allures les plus rapides. Courbes et virages ne présentent aucune difficulté. On enregistre sur mauvaise route, le sautillement du train arrière, sans encore risquer de perdre la stabilité, les éventuelles amorces de lacet se résorbant pratiquement, sans intervenir.

Par contre, sous la pluie, il devient indispensable de ralentir sensiblement, faute de quoi, le manque d'adhérence des roues arrière deviendrait inévitable. On connaissait déjà cette tendance chez la Simca 1501.

Le système de freinage donne entière satisfaction. Il se compose de quatre freins à disque et servo-frein. Disque à l'avant et tambour à l'arrière sur la 160 ; disque sur les quatre roues sur la 160 GT et la 180, ces deux dernières disposant en outre, du servo-frein à dépression. 

CONFORT

S'agissant de la suspension, on ne peut écarter le débat suscité par la première née de Chrysler-France. En France, nombreux sont ceux qui estiment que son pont arrière, dit " banjo ", est tellement classique, qu'il est passé de mode. Une voiture des temps modernes ne saurait se contenter, dit-on, d'un essieu rigide avec différentiel non suspendu. A cela, les techniciens répondent que, d'une part, Chrysler-France a considéré l'aspect économique du système et que, d'autre part, bien des Européens ne s'offusquent pas de trouver ce même retard sur les Fiat 125 et les Opel Rekord, pour ne citer que ces deux voitures renommées.

On retiendra l'avantage de la voiture en charge par rapport à la vide ; dans ce cas, le confort est meilleur et l'amortissement suffisant.

En marge de la suspension, il faut rendre justice aux Chrysler - France, pour leur excellente insonorisation. Même à haut régime, le moteur reste silencieux et sans vibration. 

Conclusion :

Aucune voiture de grande diffusion, de la classe des nouvelles européennes 8/11 CV, ne saurait, au prix des 160/180 Chrysler, offrir tout à la fois, et au mieux de la perfection, c'est-à-dire confort, habitabilité, performances, tenue de route etc… Certes, il faut exiger, mais il faut choisir.

Chrysler- France a choisi pour horizon, la grande route, l'autoroute, les hautes performances, sans consommation exagérée. Chrysler a choisi également un bon confort, une habitabilité agréable, une excellente tenue à grande vitesse sur route sèche…

A coté de telles qualités, le manque d'originalité, voir la relative modestie de l'aménagement intérieur et l'inconvénient d'un essieu arrière rigide, ne pèsent guère lourd dans la balance.

Il reste donc à souhaiter à cette grande routière, bonne chance… et que les utilisateurs français l'apprécient enfin à sa juste valeur, après avoir tarder à la découvrir.

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